On s’est rencontrés quand t’avais quinze ans. Il y avait toi, ta maman, et moi, ton doudou de voyage — sans en être encore un à l’époque.
Pointant ton doigt vers moi, au milieu de toutes ces peluches, dans le coin du centre plus « bazar » que « commercial » de ton village natal polonais, tu t’es exclamée :
C’est lui que je veux !
à ta mère, pour ton anniversaire.
Tu ne vendais pas encore tes livres, mais tu adorais déjà écrire et me raconter des histoires.
Ça fait un bail qu’on se connaît et depuis toujours, en doudou aventurier, je t’accompagne en voyage.
Bon j’admets : j’ai peut-être quelques années en plus. Toi aussi d’ailleurs, ma globetrotteuse : des fils d’argent commencent à s’emmêler à tes mèches dorées.
Mais on est quand même bien conservés pour notre âge, tu ne trouves pas ? Ma truffe me dit que nos vagabondages y sont pour quelque chose.
On en a sillonné des kilomètres, hein ? Toi en vaillante exploratrice, et moi, ton doudou voyageur, toujours planqué dans ton fidèle sac à dos.
Je ne pensais pas devenir un doudou de voyage.
Toi en revanche, t’avais une idée derrière la tête…
… mais t’avais peur. Jamais tu n’aurais pensé dépasser cette peur. Mais on l’a fait, tous les deux ! En bon doudou de voyage, je t’ai aidée du mieux que j’ai pu.
Ah ça on peut dire que j’en ai un paquet, de souvenirs, à tes côtés !
Lors de tes vadrouilles, tu me déposes si doucement dans ton sac à dos que j’ai l’impression parfois que tu as peur de me casser. Mais il en faudrait beaucoup plus pour m’abîmer.
Je suis le nec plus ultra de la peluche : je suis une peluche nomade !
J’aurais pu rester dans une chambre, bien protégé, au milieu d’autres mascottes.
Mais grâce à toi, je suis plus qu’un doudou. Voyager en ta compagnie m’a permis de m’ouvrir au monde. C’est fou le nombre de doudous nomades qui sont devenus mes copains !
Tu veux savoir les endroits qui m’ont le plus marqué avec toi ? Les voilà :
-
Dans ce monastère en voyage en Birmanie.
Quand cette nuit, dans ce monastère bouddhiste, pendant une retraite de méditation vipassana en Birmanie, (ou Myanmar, rholàlà, jamais bien compris pourquoi vous, humains, donniez plusieurs noms au même endroit !), tu me serrais tellement fort dans tes bras que je croyais qu’on allait s’étouffer tous les deux.
Ton corps moite et brûlant ruisselait sur mon petit corps de doudou, ton coeur battait tellement fort contre le mien !
Tu étais tombée malade cette nuit-là. On n’a jamais su de quoi.
Là, ensemble dans ce lit, moi ta fidèle mascotte de vagabondage et toi, ma pauvre backpackeuse dans ce si piteux état, j’ai bien cru qu’on allait faire notre dernier voyage…
Tes doigts s’intercalaient entre mes longues oreilles et là je me suis dit :
T’es plus qu’une peluche de voyage. T’es un ami.
-
Quand tu as invité Elmo pour une session photo.
Elmo, mon pote de vadrouille pendant ton incroyable voyage au long cours en Thaïlande, le doudou backpacker de Deneice, une auteure « Made in UK », si semblable à toi ! Un peu fofolle, à ras bord de bonnes énergies.
Ces deux-là non plus ne se quittaient pas !
Lorsque Deneice, la grande Deneice aux cheveux de feu, fière et indépendante, est tombée très malade au Laos (intox alimentaire, pas drôle ça), la première chose qu’elle a demandé qu’on lui ramène à l’hôpital, ce n’était ni sa chemise de nuit, ni son passeport, ni sa brosse à dents, non !
C’est son doudou de voyage qu’elle a réclamé en premier.
On s’est rencontrés tous les quatre en Thaïlande, alors que Deneice récupérait de son intox et que toi, tu terminais d’écrire ton récit carnet de voyage en Amérique centrale.
On a plein d’éclats de rire à ramener dans nos boîtes à souvenirs.
Aussi vrai que le voyageur (doudou ou humain) n’oublie rien et se nourrit de tout ce qui survient, le bon existe en toute chose. Tu me l’as assez rabâché !
-
Quand on a réussi (je ne sais pas par quel miracle) à ne pas se faire bouffer les mollets par un chien enragé au Pérou.
Un chien ! Si, à ce moment-là, je n’avais pas été dans ton sac, peut-être aurait-il vu, à ma truffe bienveillante et à mes yeux verts d’où ruisselait la solidarité canine, qu’on n’avait rien contre lui.
Une mascotte en roadtrip se doit d’avoir la tchatche !
T’as eu le bon réflexe : te précipiter vers le grillage à demi ouvert pour le refermer derrière nous illico. On a eu chaud !
Tout ça s’est passé en plus juste après notre accident sur la route de Lima à Cuzco, lorsqu’en pleine nuit, le bus a fini les quatre roues en l’air. Je suis resté des jours dans ton sac à dos, sans rien ni personne pour venir me secourir.
De doudou explorateur, je suis redevenu simple doudou… et j’avais peur.
Faire voyager ton doudou à l’autre bout du monde pour le laisser en plan, comme ça ?!
Moi je pensais que tu m’avais abandonné, ratatiné et seul dans ce sac à dos, au milieu d’un silence glaçant. Vous étiez tous sortis !
Et pendant plusieurs jours, l’incertitude.
Ces quelques jours horribles où j’avais été tout seul, avec ce fracas qui fout les j’tons dans les oreilles, en boucle !
Le verre pulvérisé, les gens qui crient, les enfants qui pleurent, et le bruit terrible du métal qui se fend.
Doudou en tour du monde !,
ai-je pensé tristement. Peut-être que c’était la fin de mon monde.
Peut-être que t’avais abandonné ton doudou et puis c’est tout.
Je n’ai su ce qui nous était arrivé que lorsque tu m’as repêché dans cet hangar qui schlinguait le renfermé.
Tu étais si heureuse de retrouver ta mascotte pour partir de nouveau à l’aventure !
Ce jour de délivrance, je ne l’oublierai jamais.
Tu as fais de moi un doudou globe-trotteur avec des aventures plein la tête.
On en a tissé, des souvenirs, ensemble.
Et toi, tu en as tissé, des histoires. Des histoires super touchantes où les animaux sont les stars (tiens donc !), des slams poèmes d’amour, un livre rempli de belles pensées et citations positives sur la vie aussi.
Ou encore plein de récits de voyage extraordinaires, que tu dépeins si bien sur ton blog de globe-tr’auteure.
Moi, mes plus belles histoires, c’est à tes côtés que je les vis.
On peut vraiment dire que ton doudou de voyage a crapahuté partout avec toi. Et surtout pas en mode « doudou touriste » ! Une peluche de road trip pure et dure !
Pas si dure que ça au final puisque mon corps rouge et tout mou, tu l’as déjà recousu plusieurs fois.
Tu as enveloppé mes pattes arrière d’un joli tissu bleu qu’une amie à toi avait ramené d’Inde.
Le monde a désormais sa mascotte et elle s’appelle Puppy !
Je te contemple maintenant, toi qui es en train de taper à l’ordinateur et qui as fait de tes rêves toute ta vie.
Et je ne peux m’empêcher de me dire : où est-ce qu’on atterrira, la prochaine fois ?
Ton fidèle Puppy
Envie de mots-déclic, de mots pas p*taclic ? Des billets et des vidéos qui te font voyager là-bas mais aussi en toi ?
Reçois par email les articles et les vidéos nouveau-nés du blog, ainsi que les faire-part de naissance des livres fraîchement éclos d’Annajo (inscription en bas de l’article).
hello annajo…
c une bonne idee de parler de toi au travers de puppy… tu lavais photographie de temps en temps… plus qun compagnon c ton ancre sympathique… celle qui te maintient malgre la houle du voyage (interieur/exterieur)
avec puppy tu es ds le centre de ton arc en ciel (et en terre)….
merci annajo…
lumiere joie et voyage…
kc
Oh quel joli commentaire nous avons reçu grâce à toi, Puppy et moi ! Nous sommes Joie. Merci : )
Les doudous… c’est toute une histoire 🙂
Tu en sais quelque chose 😉 Merci de ton commentaire Adeline, bonnes fêtes de fin d’année !
Coucou, Puppy,
Alors là, Doudou-de-voyage, tu me laisses pantois.Tu es le seul Doudou, parmi celles et ceux que je connais -je m’y connais en Doudous- qui soit capable d’écrire (fort bien du reste) un si bel article sur ton Humaine d’adoption.
Ce qui me laisse béat, c’est ta capacité à réunir en un même Temps (celui de la lecture de l’article) , tous ces moments, contextes et pays différents, avec toutes sortes d’émotions, positives comme négatives, sans que ce soit le moins du monde confus. Être capable d’écrire un article plutôt concis avec autant d’éléments différents, il faut être un(e) sacré(e) auteur(e) pour faire cela et y arriver parfaitement.
Un grand merci admiratif et sincère.
Loup
Salut Loup ami, toi qui commences à connaître de mieux en mieux notre humaine-amie commune 🙂 Je suis très touché par ton message. Je le transmets à notre humaine adorée afin qu’elle se réjouisse d’établir de nouveaux liens (qu’ils soient doudou-iens ou humains !). Que cette dernière semaine de 2020 soit remplie de douceur et de joie, pour toi et les tiens.