On a beau avoir lu 1248 fois Le petit prince, ce ne sont pas les « On ne voit bien qu’avec le coeur » qui payent notre gamelle et notre toit.
Payer, non. Mais nous aider à tenir quand la gamelle est vide et que le toit fuit, oui.
Laisse-moi te raconter une petite histoire ordinaire d’un type ordinaire, pas meilleur qu’un autre, pas plus malin qu’un autre. Mais qui a « réussi » dans la vie.
Sylvain est un type qui a l’air sacrément bien dans ses pompes italiennes : il a un bolide racé que peu de personnes de son âge peuvent se payer, un interminable penthouse de 200 m², une fiancée qui fait tomber toutes les mâchoires par terre, un job avec un salaire obscène, un compte en banque plein à craquer.
Sylvain se contrefout de savoir si oui ou non un vieux barbu le protège ou même, s’il se bidonne de là-haut en observant les humains faire les cons. Il n’a pas d’autre spiritualité que celle des apparences et se la pète pas mal avec sa carte de crédit toute noire.
Il a donc tout d’une vie rêvée pour la majeure partie d’entre nous.
Seulement voilà : du jour au lendemain, sa boîte fait faillite et il est jeté comme un vieux kleenex, son amour-propre balancé aux chiottes.
Pas grave, pense-t-il : avec son expérience professionnelle, il trouvera rapidement une nouvelle place au soleil.
Le temps passe, Sylvain traîne dans son immense appart, tout seul comme un con parce que sa fiancée est partie avec son « meilleur » ami — qui, lui, venait d’être promu Directeur Genéral d’une boîte où Sylvain avait pourtant postulé — sans réponse.
Les lettres de recouvrement recouvrent les invitations aux soirées bling bling.
Il vend son bolide… Au dixième de son prix, pas possible de faire plus, désolé et encore, je vous fais un prix !, le baratine le concessionnaire qui lui accorde une telle largesse.
Ça parle de plus en plus dans son dos, ça chuchote, ça ferme les portes sous son nez. La belle CB toute noire de Sylvain ne lui sert plus à rien ; il doit prendre ses cliques et ses claques parce qu’il n’a plus un kopek pour son loyer.
Il atterrit chez ses parents, dans sa chambre d’adolescent, et se demande où ça a commencé exactement à partir en vrille.
Peu à peu, il perd confiance en ses capacités, traîne toute la journée en jogging et pantoufles élimées dans le micro appart de banlieue parental.
N’ose plus mettre le nez dehors.
Nez qui s’est perdu dans une jungle inextricable de… poils ? Cheveux ? Va savoir !
Et le voilà qui se dit :
Elle sert à quoi, cette putain de vie ?
C’est un peu poussé selon toi ?
C’est pourtant ce qui se passe tout le temps, ici-bas.
Ça peut être le boulot, une belle alchimie amoureuse qui tourne au vinaigre, une crise familiale, une maladie, que sais-je ?
Un seul truc coince et tout dégringole, comme une série de dominos qu’on voit dévaler dans ces vidéos qui durent une plombe.
Lorsqu’on mise tout sur le matériel et que le matériel fout le camp, que nous reste-t-il sinon cette âme qu’on a laissée en friche, ignorée, abandonnée pendant des années ?
Je ne dis pas que la situation sera moins pénible, vue de l’extérieur, pour celui qui a une spiritualité dans la vie ou qui pratique chaque jour des exercices de sophro / relaxation / méditation.
La situation ne changera peut-être pas de l’extérieur, mais notre perception de cette situation s’en trouvera complètement modifiée de l’intérieur.
Et c’est ça qui fera toute la différence.
Parce qu’on aura appris à cultiver en soi un sol sain, sol sur lequel nous reconstruirons des fondations si un jour, les fondations initiales s’effondrent.
L’extérieur ne dure qu’un temps. Quand tu prends soin du dedans, c’est pour toujours. Peu importe ce qui te tombe sur la gueule ensuite.
Ça m’a pris presque quatre décennies pour nourrir mon terreau intérieur.
Plus rien ne peut m’atteindre durablement, à présent.
Mais toi ?
T’es prêt à désherber ton dedans ?
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