Rencontrer des gens en voyage : difficile ? Pas si tu laisses ta peur de l’inconnu de côté. À Las Palmas sur l’île de Grande Canarie, juste avant mon voyage aux Amériques, en allant vers les gens tout simplement, je fais des rencontres magiques.
Après avoir déballé mes affaires, je m’allonge sur le lit à 15h30 pour faire un somme bien mérité, pensant me reposer une heure ou deux maxi…
J’émerge à 20h30.
Qu’importe : je décide de faire une petite balade nocturne qui, comme à l’accoutumée, finit par une giga promenade. Sur un banc où je m’assois dans l’espoir de me faire de nouveaux amis dans le monde, se posent deux femmes âgées au visage tanné et froissé, le visage de ceux qui bronzent depuis des décennies. L’une d’entre elles va quelque part, laissant sa copine qui l’attend sagement. Il ne m’en faut pas plus pour l’aborder.
Après m’avoir indiqué où chercher des infos par moi-même (au coin Informations Touristiques en face de l’impressionnant hôtel Cristina faisant face à la mer), Mari Carmen m’écrit, sur mon journal de voyage, où aller, quoi faire, dans quel restau manger et surtout, ce qu’elles font, elles, natives des îles Canaries. C’est ce type d’info qui m’intéresse quand je connais de nouvelles personnes en voyage— beaucoup plus que celles qu’on pourrait trouver dans un office de tourisme ou un livre / ebook guide de voyage.
On finit par discuter de notre philosophie de vie qui se rejoint à bien des égards, notamment sur le plan spirituel. J’aime discuter ouvertement de ces choses avec les gens que je rencontre dans le monde.
Loli, la copine de Mari Carmen avec laquelle je discute, finit par revenir. Elle se branche sans effort sur notre conversation. Si elle n’était pas remplie de sa foi, témoigne-t-elle, elle aurait certainement très mal vécu son cancer du sein et la pénible reconstruction post-opératoire. Je lui confie que pour ma maman aussi, la foi l’a aidée à tenir alors qu’elle, elle traversait un cancer de l’utérus suivi d’une hystérectomie.
Foutue maladie.
En quittant Loli et Mari Carmen, mon cœur est gonflé de gratitude de pouvoir rencontrer des gens en voyage, ici et maintenant. Passer quelques minutes précieuses à se livrer, à discuter de tout ouvertement. Accueillir ce qui vient, juste l’accueillir. Qui te dit que tu seras là l’instant d’après ? Se foutre de tout ce qui n’est pas important. Passé, futur, qu’importe ?
Se remplir seulement du Moment Présent.
Une fois Loli et Carmen rentrées — elles habitent non loin—, je continue à marcher en bord de mer pour trouver d’autres amis sur la route. À cause du vent, il fait un peu frais mais qu’importe : en cas d’urgence grelottage, j’ai ma petite veste noire qui ne quitte jamais mon sac ! Je marche… je marche. Marcher, plus que tout autre chose, me vide la tête et régénère mon corps. Même si les ampoules sont là pour témoigner que j’ai parfois exagéré !
Il y a plein de gens assis en bord de mer ou sur des marches quelques mètres plus loin, qui fumant — du légal et du un peu moins légal —, qui buvant. Tous les groupes pépient gaiement. Certains lisent, des livres ou des e-books. Et puis, des solitaires qui cherchent peut-être, en voyage comme moi, à rencontrer des gens, il y en a pas mal aussi. Ils contemplent la mer, naviguant sur de lointaines pensées. D’autres promènent leur chien. Mais ce qui frappe ici, c’est le nombre conséquent de joggers, même à cette heure avancée. À croire que les gens, ici, font plus le plein de détente et de sport que de fête.
J’atteins l’auditorium Alfredo Kraus construit par l’architecte Oscar Tusquets, d’où l’on peut contempler l’océan atlantique alors qu’on assiste à un concert. Il se pare d’une élégante lumière dorée. Je m’arrête là, m’asseyant sur un muret, les jambes recroquevillées comme en méditation. Je n’arrête pas de sourire d’une oreille à l’autre. J’ai pu rencontrer des gens dès le début de mon voyage. Et assise là, sur cette île illuminée, au milieu de tous ces gens détendus et souriants, soit grâce à une pinte de bière, soit grâce à un footing, soit grâce à un bon bouquin, et beaucoup grâce à, simplement, la beauté paisible du lieu, je me sens diluée dans une réalité bien au-delà de ce que je ressens et de ce que je vois. Une réalité sur laquelle, de mon vivant, je ne pourrais jamais, vraiment, mettre de mots.
Ce billet est la suite de celui où je te raconte la première fois que j’ai dormi chez l’habitant avec AirBnb.
Si tu as loupé le début de mes aventures, balade-toi au début de mon carnet intime de voyage en Amérique latine.
Ou poursuis l’aventure en découvrant comment je me débrouille pour démarrer une conversation avec un inconnu, même si souvent je n’en mène pas large parce que je ne sais pas de quoi parler avec les gens !
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